Sigur Ros : le groupe phénomène venue d'Islande


Sigur Rós, groupe incontournable, séduit les amoureux de l’Islande. Mais pas seulement. Actuellement en tournée, Sigur Ros affichent complet sur chacune de leur date. Dès leur début, le groupe rencontre une ascension fulgurante. La voix du chanteur, Jónsi, fait frissonner. Les musiciens transcendent leurs instruments. Musique expérimentale assimilée au rock progressif, ce groupe unique est aujourd’hui une référence.

Sigur Rós au festival international de Benicassim, 2008

1994, Jón Þór Birgisson, alias Jónsi, et ses deux amis Georg Hólm, alias Goggi, et Ágúst Ævar Gunnarsson, sans alias, créent leur groupe. Le nom reste à déterminer quand vient au monde la petite sœur de Jónsi, Sigurros, qui signifie « Rose de la Victoire ». Le nom est trouvé. Jónsi est au chant et à la guitare, Goggi à la basse, Ágúst à la batterie, même si chacun d’entre eux est multi-instrumentiste. Signes particuliers : Jónsi est aveugle de l’œil droit et Goggi est surnommé « White Fang » pour sa dextérité à attraper les poissons avec les dents. Soyons sûrs que cela paraisse indispensable pour le pays de pêcheurs qu’est l’Islande


Leur premier album très inspiré des paysages islandais, Von, sort quatre ans plus tard sous le label Bad Taste, celui-là même qui lança Sugarcubes et Björk. Et déjà une signature : les morceaux sont intégralement instrumentaux. Expérimentation au possible : guitare à l'archer, façon Led Zeppelin, xylophone, orgue, flûte. Improbable. « Von », espoir en islandais. Il en découlera plus tard un nouveau concept, le « vonlenska », le « vonlandais » (mélange d’espoir et d’Islande). Un langage imaginaire qui s’articule sur les sonorités islandaises et s’adapte à leur style musical particulier. Un langage qui ne veut rien dire et qui, pourtant, parle à tout le monde. 

Sigur Rós au festival international de Benicassim, 2008

En 1999, le groupe s’élargit. Ágúst part, mais deux autres musiciens intègrent le groupe : Orri Páll Dýrason (à la batterie) et Kjartan « Kjarri » Sveinsson (aux claviers). Ils sortent leur deuxième album Ágætis byrju que le label anglais Fat Cat distribue au Royaume-Uni. C’est le début du succès hors de l’île. En 2000, Sigur Rós enchaîne et fait la première partie de la tournée de Radiohead. À partir de là, les labels américains vont se disputer le groupe islandais. Une tournée triomphale aux États-Unis et Sigur Rós devient le groupe à la mode. Les médias ne parlent que d’eux et les plus grandes stars se précipitent aux concerts. Il faut bien avouer que le groupe fait figure d’ovni dans la chanson. 


Sur scène, chaque membre est habité. La voix cristalline du chanteur (falsetto), la plus aigüe pour un homme, et une musique minimaliste empreinte de poésie islandaise. Sans cesse innovant, Jónsi joue de la guitare avec un archer (effet déjà utilisé dans les années 70, notamment par Jimmy Page) qu’il lui arrive de briser net tant il s’acharne sur sa guitare. Pendant que Goggi, lui, joue parfois de la basse avec une baguette de batterie. Sigur Rós n’hésite sur aucun détournement artistique d’instruments et se fait accompagner du quatuor à cordes Amiina, entièrement féminin. Sur scène, la magie opère. Le groupe embarque le public dans d’autres sphères. Jeux de lumière et présence scénique phénoménale font de leur show une expérience unique.

Björk, star incontestée, chante en anglais, plus accessible pour une carrière internationale. Sigur Rós se paie le luxe de toucher le monde avec des textes uniquement en islandais. Leur musique, elle, est universelle. Voir transcendante, quasi religieuse. Même leur look parfois kitch et les fanfreluches de leurs vêtements n’altèrent pas l’engouement. Ce groupe monstrueusement talentueux arrive sur scène en toute humilité. Les premières notes jaillissent et le public décolle.


Malgré le succès mondial, Sigur Rós n’oublie pas son Islande. Le troisième album, plus intimiste, sort en 2000, sans titre, ( ). C’est celui du vonlandais. Aucune parole, seulement ces intonations islandaises et ces rythmes féériques. L’album est enregistré à Álafoss, dans le studio privé de Jónsi. Et comme les Islandais ne font rien comme les autres, ce studio se trouve dans une piscine désaffectée. 

Sigur Rós au festival international de Benicassim, 2008

Fort de leur succès, Sigur Rós enchaîne et signe en 2002 l’album de leur carrière, Takk (« merci » en islandais). Sigur Rós tape doucement à la porte de l'électro-pop. Sans se dénaturer. Toujours atmosphériques, les mélodies se mêlent aux expérimentations instrumentales, piano minimaliste et vocalises cristallines. Takk est aujourd'hui le plus grand succès de Sigur Rós. L'album s'est notamment classé seizième des charts anglais. C’est la consécration. Leurs chansons seront utilisées par la suite dans de nombreuses publicités, films, bandes annonces et téléréalités. 


En 2007, le groupe innove encore avec leur DVD Heima. À mi-chemin entre le spectacle et le documentaire, Sigur Rós fait découvrir l’Islande des Islandais, celle des petites villes et villages. Un tour de l’île au rythme de leur musique.


Pas de répit pour le groupe. L’année suivante, sort Með suð í eyrum við spilum endalaust. Traduction : « Avec un bourdonnement dans les oreilles nous jouons inlassablement ». Sigur Rós régale encore son public, malgré la censure d’un de leur clip. Peu importe, leur nouvel album, prend à la tête comme au cœur. Toujours ces lignes pures, ces mélodies épurées, encadrées de quelques notes au clavier, de quelques arpèges à la guitare et des cordes du quartet Amiina. La voix de Jón s'envole. De festivals en tournée, Sigur Rós conquiert l'Europe et le monde

Sigur Rós au festival international de Benicassim, 2008]

Comme pour tous les groupes à fort succès, des rumeurs de séparation circulent. Il n’en est rien. Certains ont des projets personnels, mais aucune envie de briser le groupe. Jónsi, le chanteur, sort un album solo, Go. On y repère l’essence de Sigur Rós. Reconnaissance absolue. En 2011, après une tournée triomphale, Sigur Rós enregistre leur concert Inni à l’Alexandra Palace, à Londres. Le film du concert très intimiste et abstrait est tourné par Vincent Morisset. D’abord tourné en 16 mm, il est ensuite à nouveau filmé à travers divers objet, qui donnent un effet artistique flouté. Diffusé au cinéma de la Géode à Paris en 2012, les spectateurs ont eu le sentiment de faire partie du groupe.


Le dernier album, Valtari, rencontre quelques difficultés à émerger. Le projet est abandonné dans un premier temps à cause de problèmes d’orchestration et de de finalisation des chansons. C’est alors qu’Alex Somers, le compagnon de Jónsi, les aide à accoucher du projet. Album plus calme que les précédents et toujours aussi minimaliste. L’acteur Shia Labeouf tourne, nu sur quelques scènes, pour un clip de cet album. Début 2013, Kjarri quitte le groupe pour mener à terme ses projets artistiques. Cela n’empêche pas Sigur Rós de concocter un nouvel album, promis pour la fin de l’année. Les membres, dont Jónsi et Goggi sont les seuls à être là depuis le début, souhaitent lui donner un côté plus rock, mêlant les styles. Naît ainsi leur septième opus, Kveikur. 

Sigur Ros dans la série

La même année, Matt Groening intègre le groupe dans sa série d'animation "Les Simpsons", dans l'épisode intitutlé "La saga de Carl" qui se déroule en Islande. En suivant, ils jouent dans la série phare de ces dernières années "Game of Thrones" (Saison 4 épisode 2) et signent leur version du titre The Rains of Castamere. Deux ans après, le groupe lance le projet "Route One", une éloge de la lenteur. Et une éloge de l'Islande. Parcourant la route n°1 qui fait le tour de l'île, le groupe nous invite à redécouvrir la beauté des paysages islandais. 


Le groupe Sigur Rós n’est comparable à aucun autre groupe. Ils puisent leur inspiration dans leur Islande natale. Fermez les yeux, écoutez et vous vous retrouvez plongé dans la nature flamboyante de l’Islande. Découvreurs de sons, magiciens, initiateurs, artistes un peu décalés, à la folie douce, Sigur Rós n’a pas fini de nous surprendre et de nous émerveiller.


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